Gourcuff : la cohérence comme enjeu
Vestiaires est un magazine mensuel dont le contenu est entièrement consacré aux éducateurs et entraîneurs de football amateur. Plus qu’une simple revue, Vestiaires est un véritable outil pédagogique qui, tous les mois, permet aux éducateurs, et aux dirigeants de clubs amateurs de disposer de conseils de professionnels de l’entraînement, du management, de la préparation physique, de la santé, du spécifique gardiens de but…
En cette année 2011, Vestiaires va s’associer à Amateur de Foot pour proposer chaque mois un article traitant de l’aspect tactique, de l’entraînement des joueurs… Pour cette première, c’est Christian Gourcuff, l’actuel entraîneur de Lorient, qui joue le rôle du professeur au tableau noir. Sa leçon : l’interdépendance. Ou comment la récupération du ballon influence la phase offensive qui en découle, de même que la situation de la perte de balle conditionne pour beaucoup la façon dont on peut la récupérer.
Les phases de transition
Les phases de transition sont un élément fondamental de la stratégie collective. En football, la stratégie collective repose sur l’organisation des phases défensives et offensives. Avec un élément fondamental entre elles : la phase de transition. La manière de concevoir la récupération du ballon a une incidence sur son utilisation en phase offensive, et vice-versa. Les deux sont étroitement liées. D’où la nécessite d’une cohérence dans la conception du jeu collectif.
Dans le même ordre d’idée, la situation de la perte de balle conditionne en grande partie la façon dont on peut la récupérer par la suite. Là encore, il y a interdépendance.
Remontée du ballon sans risque
Prenons l’exemple du FC Barcelone. Le fait, pour cette équipe, de perdre le ballon très haut (devant son bloc) après une remontée collective du ballon qui maintient ce même bloc compact, permet un pressing à la perte d’autant plus efficace que l’adversaire est déjà usé par une longue et épuisante phase de récupération…
D’autres équipes, notamment en Ligue 1, optent pour une autre stratégie : elles font remonter un bloc de sept joueurs assez haut tandis que les deux défenseurs axiaux, en possession et en position basse, jouent long pour un pressing sur le deuxième ballon ! La densité est alors permise par l’absence de risque dans la remontée. Ce type d’option privilégie nettement l’aspect « engagement physique ». Il est clair que ces deux stratégies sont très différentes du point de vue de leur conception et de leur philosophie.
Pourtant, beaucoup d’observateurs font l’amalgame, parlant invariablement et souvent à tort, « d’équipe offensive ». Notez que si la perte de balle s’effectue plus bas dans le bloc, la récupération doit s’organiser différemment. Ceci est lié à la fois à la stratégie de la remontée du ballon, mais aussi à la capacité technique et collective de l’équipe dans cette phase.
La récupération du ballon
La récupération du ballon (lieu, positionnement de l’adversaire, capacités techniques et physiques) a une influence déterminante sur l’action offensive qui en découle. Une récupération
très haute favorise bien sûr les attaques rapides puisque le déséquilibre existe déjà dans le bloc adverse.
Mais certaines récupérations basses avec une « aspiration » de l’adversaire, facilitent aussi la verticalité sur des distances importantes, à condition d’avoir des attaquants capables de faire des différences sur des courses longues.
L’AJ Auxerre excellait la saison dernière dans ce domaine avec des joueurs comme Oliech ou Jelen, d’autant plus à l’aise que l’espace laissé par l’adversaire est conséquent.
De la nécessité d’une bonne « organisation »
Une bonne organisation permet une économie dans les courses pouvant se répercuter ensuite dans la richesse des déplacements offensifs. L’interaction dans la gestion des courses a aussi une incidence sur le « style » : les efforts consentis (pas toujours à bon escient) pour la récupération du ballon engendrent une perte de mobilité dans l’élaboration des attaques, alors qu’une bonne « organisation » permet une économie pouvant se répercuter ensuite dans la richesse des déplacements offensifs.
Ancitiper la perte de balle
Les transitions sont les principaux témoins de la cohérence dans la stratégie collective. Avec obligation d’anticiper la perte de balle (en phase offensive), mais aussi, pour les attaquants, de se rendre disponible pour une éventuelle récupération du ballon (en phase défensive). Ce sont ici des données tactiques indispensables à l’efficacité.
L’entraînement doit naturellement prendre en compte ces paramètres pour développer une sensibilité collective : les enchaînements défensifs-offensifs dans des configurations diverses (bloc haut, bloc bas), ainsi que les transitions de la phase offensive à l’action défensive doivent être définies et travaillées pour créer des repères collectifs.
Et l’efficacité dans tout ça ?
En définitive, la notion d’efficacité, leitmotiv de tous les entraîneurs du monde, apparaît toute relative et peut se concevoir de différentes manières en fonction de sa philosophie. Elle peut être perçue sur du très court terme (la durée d’un match) ou comme la résultante de l’épanouissement collectif et individuel, lequel réclame un investissement sur la durée, illustré de façon extraordinaire à l’heure actuelle par le Barça.
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