• Amateur de Foot
  • Bruits de couloirs
  • Championnat de France
  • Clubs
  • Coupe de France
  • Coupe Gambardella
  • Dom-Tom
  • Educateurs
  • Equipe de France
  • Football féminin
  • Joueurs
  • Non classé
  • Paris en ligne
  • Entraîneurs : il faut savoir passer la main

    Choisir d’encadrer la même génération de joueurs sur plusieurs catégories reste monnaie courante. Mais est-ce vraiment recommandé ? Les réponses de Vestiaires Magazine.

    Le reflet de plusieurs insuffisances

    C’est une question vieille comme le foot amateur : doit-on suivre son équipe lorsque les joueurs qui la composent changent de catégorie ? Chaque année, bon nombre
    d’éducateurs y sont tentés. Généralement, leur volonté répond au moins à l’une des trois motivations suivantes :
    1/ le courant passe bien avec le groupe, voire avec les parents.
    2/ on veut suivre la progression de ces joueurs pour lesquels on s’est déjà beaucoup investi et ainsi éviter tout goût « d’inachevé ».
    3/ la qualité de cette équipe est telle, qu’elle nous promet des succès futurs.

    Oui mais voilà, chacune de ces motivations, presque légitimes, sont aussi le reflet d’insuffisances d’un point de vue psychologique, philosophique et moral. En effet, la première motivation stigmatise clairement la peur du changement, de ne « plus prendre autant de plaisir ». La deuxième exprime un caractère possessif, presque égoïste
    et empreint de jalousie : « si je ne suis pas mon équipe, c’est untel qui va profiter de « mon » travail avec « mes » joueurs ». Quant à la troisième, c’est l’orgueil et la vanité qui en sontle moteur.

    Une approche individualiste

    L’ensemble ne traduit-il pas une approche individualiste de la fonction d’éducateur ? Par essence, le bénévole n’est-il pas censé se mettre au service du club et non pas d’une équipe ? Se poser ces questions, c’est déjà y répondre. Voilà pour ce qui est du côté éthique de la chose. Car suivre ses joueurs pendant trois, quatre, cinq ans ou plus, peut être à l’origine d’autres dysfonctionnements.
    D’abord, qu’on le veuille ou non, les liens qui se créent naturellement avec les joueurs au fil du temps, renforcent la dimension affective du rapport entraîneur-entraîné. Ce qui, par conséquent, rendra plus difficile la prise en compte de critères objectifs. Ce sont les fameuses « lunettes de l’habitude » pour reprendre l’expression de Jean-Paul Ancian (voir Vestiaires n°15). Sans compter que ce manque d’objectivité pourra être doublé – parfois de manière inconsciente – d’un défaut d’impartialité en raison de la relation privilégiée entretenue avec certains parents… Et ce n’est pas fini.

    Les joueurs ne vous écoutent plus

    Encadrer les mêmes joueurs pendant plusieurs années risque par ailleurs d’éroder le discours, qu’il n’est jamais facile de renouveler. À force de vous entendre, les joueurs
    ne vous écoutent plus. Ils vous connaissent pas coeur ! Votre fonctionnement, vos réactions, vos causeries, votre philosophie de jeu… plus rien ne les surprend. Un certain « confort », au sens pervers du terme, qui exclut toute remise en cause pour les deux parties.
    Enfin, outre la source de conflit que peut représenter le fait de vouloir suivre son équipe alors que l’éducateur du dessus, lui, n’a guère l’intention de laisser sa place (…),
    un autre problème risque de se poser, celui de la compétence. Rester deux ans dans une catégorie est-il suffisant pour en cerner tous les enjeux, les attentes, et se montrer
    efficace dans son apprentissage ?

    Alors bien sûr, il convient aussi de relativiser le propos. Dans un club de village, si l’éducateur se sent bien avec ses joueurs et vice-versa, la notion de progression doit
    peut-être s’effacer ici devant la notion de plaisir partagé. À vous de voir !

    Ce qu’ils en pensent…

    Jean-Luc Haussler, titulaire du BE, spécialiste des gardiens : « Si on accepte ce procédé avec un éducateur, il faudra le faire avec tout le monde ! »

    François Ferdin, titulaire du BE, ancien éducateur au RC Paris : « En école de foot, où les objectifs d’apprentissage évoluent chaque année, cela ne pose pas problème. »

    Jean-Paul Ancian, BE2 et responsable technique à Ain Sud Foot (01) : « Les notions de motivation, d’exigence et de progrès doivent rester au centre des interrogations de l’éducateur. »

    André Charlet, éducateur au RC Lens, professeur à l’université : « Il est plus formateur pour un jeune de connaître et de s’enrichir de plusieurs éducateurs. »

    Samuel Rustem, dirigeant à l’AS Valence (26) : « Suivre un groupe, c’est mettre le football à son service et non l’inverse… »

    Jean-Marc Berthaud, ancien CTD : « Il ne faut pas renier que l’éducateur est aussi là pour se faire plaisir. »

    ■ Julien Gourbeyre

    Commentaires

    Pas encore de commentaire.

    Laisser un commentaire

    (requis)

    (requis)