Footballeur amateur et étranger : incompatible ?

Une attestation de présence en France depuis cinq ans. C’est ce qu’exige la Fédération française de football (FFF) pour l’octroi d’une licence amateur à un mineur depuis octobre 2009. Des mesures qui sont loin de faire l’unanimité dans le monde du football amateur et que certains jugent carrément discriminatoires.

Et alors que la victoire de la France au Mondial 98 semblait démontrer la réussite de la mixité sociale, ces mesures semblent davantage s’inscrire dans le prolongement de la politique sécuritaire actuelle. Alors, foot amateur et immigration ne peuvent-ils vraiment pas faire bon ménage ?

Une réglementation absurde et discriminatoire

Nos confrères de So Foot ont recueilli le témoignage d’Hervé Grammatico, président bénévole du petit club du Stade Olympique Clarétain, dans l’Hérault. Un an après les nouvelles directives imposées par la FFF aux petits clubs, l’homme n’y va pas par quatre chemins : pour lui, cette réglementation est « absurde jusqu’au bout » ! Et de se justifier plus en détails : « Je trouve que ces mesures sont tout à fait discriminatoires et surtout pas du tout en lien avec le discours et les valeurs que la Ligue devrait défendre. On nous bassine toute l’année avec « Halte à la discrimination, halte au racisme », on nous demande à nous, présidents de clubs, correspondants de clubs, de faire du travail policier avec des demandes de justificatif de domicile, de résidence en France depuis plus de cinq ans. Tout ça pour en arriver à refuser la licence à des enfants de 6 ans. »

Un moyen de lutte contre le trafic d’enfants

Et pour afficher son mécontentement, Hervé Grammatico va même plus loin, refusant carrément de demander le fameux document aux familles concernées : « Si un enfant ne vit pas en France depuis plus de cinq ans, je ne vois pas ce qui l’empêche de pratiquer le foot en France. » Difficile de lui donner tort. Mais alors, pourquoi cette directive ?
Lors de son apparition dans les textes, en 2009, la FFF avait expliqué que cela lui avait été demandé par la FIFA, afin de lutter contre le trafic d’enfants. Sauf que certains ont l’impression que la FFF en fait un peu plus que ce qu’on lui demande…

« La directive de la FIFA, je l’approuve entièrement, commente ainsi Hervé Grammatico. Il existe des trafics d’enfants, entre 15 et 18 ans, qu’on va chercher en Afrique. Certains clubs pros s’amusent à le faire, à les mettre dans des centres de formation, à les faire jouer. Et si ça ne marche pas, on les jette et ils se retrouvent à la rue. Qu’on protège ces enfants, je suis entièrement pour, évidemment. Mais la directive de la FIFA a pour but de protéger ces enfants. La Ligue de Paris, par exemple, a mis ça en place. Et ils n’appliquent ça que pour les plus de 15 ans, ce qui n’est pas idiot, puisqu’un petit qui n’a jamais joué au foot en France à 15 ans, qui arrive et qui prend une licence, et à qui on demande des papiers supplémentaires, ça me choque un peu moins. En revanche, pour un gamin de 6 ans qui joue dans les dernières divisions de district, il est évident que nous ne faisons pas de trafic d’enfants… »