Rodez FC champion d’automne 2017/2018 de National : le club est-il prêt pour une montée en Ligue 2 ?
Rodez a décroché le titre de champion d’automne 2017/2018 de National 1, alors qu’il jouait en National 2 (ex-CFA) la saison dernière.
Le club a engrangé 31 points en 15 journées et a terminé devant Grenoble, lui aussi promu (28 points). Au-delà de l’euphorie, les dirigeants ruthénois abordent la deuxième partie de saison avec ambition, mais aussi avec prudence.
De nombreuses inconnues planent au-dessus du RAF : l’homologation du stade, la préparation du budget et la recherche de nouveaux partenaires. Cette étape est cruciale pour un club qui se rappelle la montée avortée de Luzenac il y a quelques années. Comment se prépare le RAF ? Quels sont les hommes clés du projet ruthénois ?
Laurent Peyrelade, l’homme clé du projet sportif
L’ancien attaquant du LOSC (1997-2001) est aux commandes du groupe ruthénois depuis 2015. C’est lui qui a fait monter le club la saison dernière, alors que le club avait échappé à la relégation administrative la saison précédente. C’est dans le rugueux championnat de National 1 que Peyrelade a bâti le style de jeu de l’équipe. Sa recette : un bloc bas, qui se projette très vite vers l’avant et qui joue surtout sur les faiblesses de l’adversaire.
En début de saison 2017/2018, le Rodez Aveyron Football a reconduit 90 % de son groupe. Une grande majorité des joueurs découvraient le National et ces derniers se sont très vite adaptés. Les défenseurs Bardey, Daillet, Sanaia, Poujol, mais aussi les défenseurs latéraux comme Chougrani ou Mellot ont contribué à faire de Rodez une équipe intraitable derrière. Avec 12 buts encaissés, le RAF a terminé 3ème meilleure défense de National à la trêve. Il se classe derrière le Red Star et Grenoble, tous deux à 12 buts.
Que ce soit en 4-4-2 ou en 3-5-2, Rodez a marqué les esprits par sa capacité à défendre en bloc. Le groupe dégage une véritable osmose, sans qu’aucune individualité ne se dégage. Il y a donc peu de chance qu’un club de Ligue 2 se positionne sur un joueur au talent hors du commun lors de la trêve hivernale… car le club n’en possède pas. Ou du moins, pas qui pourrait monter en L2 à la mi-saison. En attaque par exemple, le meilleur buteur du club Da Silva émarge à 4 buts. Dans le même temps, Boupendza le joueur de Pau en a marqué le double.
La structuration du club : l’objectif du RAF à moyen terme
Rodez est présidé par Pierre-Olivier Murat, un homme d’affaires local qui possède plusieurs restaurants. Deux faits sont à mettre à son actif. Premièrement, il est devenu le plus jeune président de club élu de l’histoire du foot français. Il a pris la tête du club en 2007 à seulement 30 ans. Deuxièmement, c’est un ancien joueur de football. Il est passé par les équipes réserve de Caen, de Nîmes, mais a aussi porté le maillot ruthénois pendant deux saisons de 1997 à 1999.
Murat est un homme de la région qui connaît le football. Rodez bénéficie à plein du manque de concurrence sportive au niveau local. Par conséquent, l’ambitieux projet du président a rapidement fédéré les supporters de la région. Le club aveyronnais compte sur 2.500 à 3.000 supporters de moyenne à domicile. Beaucoup d’entre eux viennent des départements voisins, du Lot ou de Lozère. Preuve que le club attire. Il y a quelque temps, il y en avait à peine 400. Il va sans dire que cette augmentation est aussi en partie due aux résultats sportifs du club.
Administrativement parlant, le club est déjà prêt pour la Ligue 2, et ce malgré un budget de 1.8 million, soit le 13ème de National 1. Ce sont les mots de Guillaume Laurens, le responsable de développement du RAF : « Nous sommes un club très structuré sur le plan administratif avec des gens compétents dans tous les domaines, de la direction générale jusqu’à la communication et le juridique. D’ailleurs, c’est assez rare à ce niveau, mais la moitié de notre masse salariale concerne l’extrasportif, ce qui prouve notre niveau de structuration important pour un club de National 1. Cela peut aussi s’expliquer par le fait que nous misons plus sur la formation que sur le recrutement pour garnir les rangs de notre équipe première ».
Le problème de l’homologation du stade Paul-Lignon
Si sportivement et administrativement, le club est prêt pour l’échelon supérieur, la jurisprudence Luzenac force les dirigeants à être prudents. Le club ariégeois s’était vu refuser la montée en L2 à cause d’un stade qui n’était pas aux normes. Force est de constater que le stade Paul-Lignon a besoin d’un lifting pour être homologué par les instances administratives.
Le premier investissement concerne la tribune principale, qui ne possède que 5.200 places à l’heure actuelle. La mairie devrait lancer sous peu un appel à projets pour une tribune de 8.000 à 9.000 places assises avec un budget de 4 à 5 millions d’euros. Rappelons que, selon le règlement de la LFP, un stade de Ligue 2 doit avoir au minimum 12.000 places dont 8.000 assises. Par la suite, une nouvelle tribune pourrait être construite en face.
Christian Tesseydre, le maire de Rodez, s’est engagé à soutenir le club autant que faire se peut. En signe de bonne foi, il a déclaré qu’il allait procéder à certains investissements que sa mairie est en droit de réaliser sans avoir besoin de passer par un appel d’offres. Les travaux engagés concerneront la réfection des vestiaires et l’installation de la vidéosurveillance sur le parking du stade.
Le Rodez-Aveyron Football est-il paré pour la Ligue 2 ?
Le RAF pourrait être cité comme un exemple de gestion intelligente. Le club est solide sur tous les plans et bénéficie du soutien de la municipalité. Mais son président a aussi su mettre en place un projet ambitieux avec un ancrage local. Comme l’a dit Guillaume Laurens : « Cette saison, pas moins de 9 jeunes sont issus de la formation ruthénoise, ce qui permet aussi de renforcer le lien affectif avec nos supporters qui ont vu grandir les jeunes depuis plusieurs années. »
C’est aussi un club dynamique qui a su optimiser sa présence sur les réseaux sociaux. En témoigne la page Facebook du club qui comptait plus de 6 millions de vues en 2016 et une appli officielle qui a été téléchargée environ 2000 fois à l’été 2017 ! Le RAF a compte bien optimiser ses revenus commerciaux liés aux annonceurs. Le club a donc parfaitement négocié le virage du numérique. C’est la preuve du dynamisme et de l’engouement qu’il provoque. Avec autant d’atout en poche, Rodez est armé pour perdurer dans le football professionnel..
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