Le foot amateur, cette "armée silencieuse"

Après le fiasco de l’équipe de France à la Coupe du Monde de football et la démission de Jean-Pierre Escalettes, le football français semble sens dessus-dessous. Et avant la réunion du conseil fédéral ce 23 juillet, qui doit permettre la désignation du nouveau président de la FFF, des voix continuent à se faire entendre un peu partout. Et surtout dans le monde amateur, qui se sent plus que jamais lésé, voire humilié par les des derniers événements.

Parmi ces voix qui s’élèvent, on notera celle de Philip Guyot de Caila, jeune – il a 37 ans – vice-président de la Ligue de Bourgogne de Football et président du District du Pays Minier. Et l’intitulé de sa missive ne laisse guère de place au doute quant à son contenu. Ainsi, selon lui, « l’armée silencieuse doit prendre la parole ! »

« Une catastrophe pour le foot français »

« 18 000 clubs, 32 ligues régionales, 102 Districts, plus de 2 millions de licenciés mais aussi des millions de françaises et de français ont vécu le fiasco sportif de la Coupe du Monde comme une grande blessure. Bien plus encore, le comportement théâtral inadmissible des joueurs et du sélectionneur ont porté atteinte à l’image toute entière de notre pays et de notre sport.

Le football fric, la décomposition, la « décohésion », l’individualisme exacerbé ont mis au grand jour tout ce que notre société porte de plus pervers en elle. Cette cour de récréation d’une bande de gamins gâtés, n’ayant plus de repères ni de valeurs, a conduit à l’explosion d’un système. C’est une catastrophe pour le football français et ses millions de licenciés, arbitres, dirigeants et bénévoles. En tant que jeune Président de District, je suis avant tout en colère devant le manque de considération et de respect dont ont fait preuve ces joueurs starisés envers le football de masse. C’est un coup immense porté par des arrivistes qui ont oublié leurs origines et qui ne mesurent pas la portée de leurs « caprices scénarisés ».

Désormais le football français est entré dans une tourmente sans précédent. Il va falloir tout remettre à plat et placer chacun en face de ses responsabilités afin de tout reconstruire sur de bonnes bases. Le travail sera long et colossal mais j’ai confiance dans notre sport, pour le savoir capable de se remettre en question sans concession. »

Qui veut la peau du foot amateur ?

« Dans le déballage peu glorieux qui s’annonce, je souhaite dire à tous ceux qui voudraient se partager la dépouille du football amateur qu’on ne peut pas impunément calomnier les millions de bénévoles et de pratiquants qui offrent au quotidien leur engagement et leur générosité au service d’une passion.
Plus que jamais, ce sont au contraire leurs valeurs citoyennes et sportives en faveur de l’intérêt général qui doivent être prises pour référence. Lire ou entendre au quotidien que ces « pauvres amateurs » n’ont pas les compétences de gérer ou de développer le football et manager l’équipe de France est non seulement une insulte faite aux dirigeants de proximité, mais aussi et surtout à l’ensemble des passionnés de football de la base (simples faire valoir incapables et non qualifiés).

Est-on meilleur et plus compétent parce que l’on touche des milliers d’euros pour venir sur un plateau de télévision ou à la radio critiquer voir humilier ce qui vous a nourri grassement pendant des années ?
Est-on forcément plus avisé parce l’on demande plusieurs milliers d’euros pour tenir une conférence à des jeunes sur son expérience du football, ou que l’on gère à la bourse son club de football ?
Non ! »

« La faillite d’un système »

« L’encadrant bénévole et désintéressé qui chaque semaine participe à l’éducation d’enfants et nourrit patiemment leur passion mérite tout d’autant de considération. L’argent roi, le football business, l’indécence des salaires, ou l’importance des volumes financiers ne président pas au savoir.
Au contraire, la faillite de cette Coupe du Monde est bien la faillite d’un système de stars surpayées et déconnectées du monde réel, qui a été mis en place et accepté uniquement par des structures professionnelles.
Ceux-là même qui voudraient condamner en bloc la compétence de notre football amateur et remettre en cause les modes de gouvernance à leurs profits, seraient bien inspirés de s’en rapprocher, s’en inspirer et de s’investir dans des valeurs plus humaines. Alors halte au feu ! Sachons raison garder et préparons ensemble l’avenir.
Pour sortir de cette crise historique, seule la sagesse de tous les amoureux du football mais aussi la mesure des pouvoirs publics et des médias, seront bénéfiques. Il est grand temps que l’armée silencieuse fasse entendre sa voix… »