Portrait d’Aaron Boupendza, attaquant de Pau et meilleur buteur de National après 29 journées

Alors que la saison 2017-2018 de National touche à sa fin, un homme trône au sommet du classement des buteurs : Aaron Boupenza Pozzi. Le Gabonais, prêté à Pau par les Girondins de Bordeaux, a déjà inscrit 14 buts en 19 rencontres. À lui seul, il a inscrit près de 40% des buts palois.

Sur le plan sportif, les statistiques parlent d’elles-mêmes. Pourtant, les entraîneurs et éducateurs qui ont croisé le jeune gaucher de 22 ans n’ont pas toujours été unanimes à son sujet. Voici le portait en creux d’un enfant du siècle, talentueux, impatient, sûr de sa force, mais aussi terriblement individualiste.

Les années gabonaises d’Aaron Boupendza 

Avant de venir en France, Aaron Boupendza a fait ses classes au centre de formation de Mounana. Il y entre à l’été 2015 et se fait remarquer dès ses premiers mois. Pour sa première saison, il marque 9 buts en 9 matchs.

En février 2016, il fait un essai à Tours en Ligue 2, mais décide de rentrer au Gabon pour terminer sa saison. Cette même année, il intègre la sélection gabonaise et marque son premier but lors du Championnat d’Afrique des Nations au Rwanda.

À la fin de la saison 2015-2016, il signe aux Girondins de Bordeaux. Il ne donne donc pas suite à l’intérêt prononcé du Tour FC. On comprend aisément sa décision : pour un jeune désireux de percer au plus haut niveau, la perspective de jouer face au PSG est plus réjouissante que celle de jouer face à Laval. Sans faire injure aux pensionnaires du stade Francis Le Basser, bien entendu. En plus, Bordeaux et le centre de Mounana ont un partenariat.

Une arrivée à Bordeaux dans l’anonymat

Arrivé en Gironde au début de la saison 2016-2017, Boupendza  est directement envoyé en réserve pour faire ses gammes. Lors de sa première saison en CF2, il joue 20 matchs et marque 8 buts. Le bilan est honorable. Mais le jeune homme piaffe d’impatience. Il veut jouer en équipe première.

La saison suivante, il fait la préparation avec l’équipe première. Il marque un but lors du premier match de préparation des Girondins face à Niort, quelques minutes après être entré en jeu. Jocelyn Gourvennec, d’un ton liminaire, annonce : « les jeunes ont répondu présent et ont été dans la continuité de ce qu’on a travaillé cette semaine ». Pour ceux qui savent lire entre les lignes, cela veut dire qu’il va falloir patienter.

Si Gourvennec lui reconnaît des qualités indéniables, il décide de le prêter en National sans option d’achat pour qu’il s’aguerrisse. Autant dire que le bonhomme, qui se voyait futur numéro 9, le prend mal. Il décide finalement de tenter l’aventure. De toute manière, c’était soit le National, soit la CFA2.

Certains accusent les dirigeants bordelais de ne lui avoir jamais donné sa chance, mais d’autres comme Marius Trésor pointent du doigt son individualisme : « On a un garçon qui, dès qu’il est à vingt mètres du but adverse, il ne voit personne : Aaron Boupendza. Il a marqué des buts très importants, mais par excès d’individualisme, nous en a fait perdre quelques-uns. »

L’explosion de Boupendza au Pau FC en National

Son adaptation est loin d’être évidente. Pau monte de CFA en National. Il y a déjà un groupe très soudé en place. Pour un jeune qui descend de deux étages et qui arrive à reculons, le choc est rude.

Dès le début, Boupendza ne s’entend pas avec ses partenaires. Il accumule les forfaits. Il fait preuve d’immaturité. Il est par exemple sanctionné pour avoir raté une mise au vert sans prévenir personne. Son président, Bernard Laporte-Fray, confirme les dires de Marius Trésor : « Il a toutes les capacités pour devenir un grand joueur, mais ça passe par un travail sur soi ».

Pourtant, si sa saison a mal commencé, Boupendza rentre peu à peu dans le droit chemin. Sa capacité à être décisif dans les matchs importants l’a rendu indispensable aux yeux de son coach même si ses anciennes habitudes n’ont pas totalement disparu. En novembre, il inscrit un doublé face à Rodez, alors en tête du championnat, et permet à Pau de s’offrir le scalp du leader. A partir de là, sa saison est lancée et il s’impose comme l’un des meilleurs attaquants du championnat de National.

Un retour en grâce aux Girondins de Bordeaux ?

Aaron Boupendza ne veut pas passer une deuxième saison en National. Il clame haut et fort qu’il aimerait devenir le numéro 9 du onze de Gus Poyet. À ce stade-là, ce genre de déclarations peut prêter à sourire. Pourtant, au regard de l’effectif actuel, ce n’est pas impossible que le Gabonnais se fraye un chemin jusqu’à l’équipe première, derrière Braithwaite et De Préville.

Son ascension en équipe première est avant tout contingente à sa capacité à travailler pour ses partenaires et à faire les efforts défensifs. Avec Gus Poyet à la tête de l’équipe, il n’y a aucune place pour les joueurs individualistes. Mais Boupendza semble avoir de la ressource. Après tout, on ne devient pas meilleur buteur de National en restant planté dans les seize mètres adverses à attendre le ballon.